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LE  B I L A N .

Au terme de ces 25 années au cours desquelles joies et déceptions n'ont pas cessé de se superposer ,il est temps

de faire le bilan ,de tracer un trait sous les colonnes débit et crédit et d'en tirer une conclusion...

Il ne s'agit pas de "chiffrer" , bien sûr , cette opération, car l'entreprise est totalement désintéressée, mais, on va voir s'afficher des sommes de sentiments , de ressentis etc...

C'est ce total que je veux évoquer afin que chacun s'en inspire... les acteurs , les intervenants ,ceux qui ,d'une manière ou d'une autre, nous ont cotôyé, et surtout les anonymes qui, aujourd'hui , souhaitent se lancer dans pareille aventure.

Si l'on résume ce bilan aux succés de la troupe , il faut bien convenir qu'aprés l'époque du RAIL-THEATRE soit, grosso-modo , aprés "un air de famille 1", ceux-ci ont cessé d'aller crescendo...

Par contre, la qualité des interprétations n'a pas diminué voire s'est améliorée pour atteindre des sommets...

Je pense aux : "UN GRAND CRI D'AMOUR", "NUIT D'IVRESSE" , "LES BONNES"...3 oeuvres aux distributions modestes.

Ce constat est assez éloquent et tend à démontrer que la qualité est inversement proportionnelle au nombre d'interprètes...

Cela se comprend : Une distribution importante ne peut pas réunir les meilleurs comédiens dans tous les rôles !

Par contre , lorsque la distribution est réduite , on s'assure au casting des meilleurs disponibles sur le "marché".

Enfin , et pour clôre ce chapitre ,il est beaucoup plus facile d'être exigeant face une équipe de taille "familiale" que face à un groupe important. Pour cette raison , je dissuade les troupes de se lancer dans des FEYDEAU autres que : "feu la mére de madame","on purge bébé" ou "n'te promène donc pas toute nue" à la limite.

De toutes les façons , aujourd'hui , en ville , il est devenu trés compliqué de réunir beaucoup d'amateurs autour d'un projet ... je vois ramer les troupes autour de nous qui, à grands renforts de mailing, cherchent à séduire le quidam.

Il va sans dire que c'est la porte ouverte au recrutement des aventuriers , des rêveurs, des imposteurs ou des "coincés" avec lesquels la mise en scène deviendra le parcours du combattant ...

D'emblée , le comédien n'a pas l'égo de tout un chacun... Souvent ,et c'est rarement le contraire, le comédien a une haute idée de lui-même.

Il a rarement l'esprit associatif ou militant, il est susceptible et contestataire.

Il ne comprend pas, quelquefois , que sur scène ,il ne joue pas son rôle mais le rôle de son personnage.

Combien d'individus avons nous perdu sur cette route ? je ne saurais le dire...Mais ils furent légion.

Le théâtre ,c'est aussi une école de la vie...c'est la manifestation de la volonté,de l'engagement du candidat qui déterminera , à talent égal , le choîx du metteur en scène.

En 25 ans , à raison d'un casting par an sans compter les"turn over" , les abandons en cours d'exercice etc ...

nous avons vu passer , bien 500 comédiens ou faisant fonction .C'est dire qu'on les voit venir de loin ...

Moins de dix nous ont donné toute satisfaction ,3 sont devenus professionnels, 20 ont été corrects et 50 ont bouché les trous...Les autres n'ont pas été retenus ou se sont incrustés parce qu'on ne pouvait faire autrement !

Bien sûr , ceux qui nous ont comblé ont , à eux seuls , justifié pleinement nos sacrifices ;

Personnellement, j'ai détesté les incertitudes , les sables mouvants dans lesquels nous avancions pas à pas. Je signais des contrats avec des auteurs,

des théâtres,des offices culturels ou des mairies me portant garant pour des individus gouvernés par des sautes d'humeur, des caprices ou des susceptibilités.J'ai détesté les attitudes de star adoptées par certains comédiens. Souvent , nous étions leur "nounou", voire leurs domestiques ! Tout leur était dû... trés peu avaient des égards pour nous.

Aprés le spectacle , ils se consacraient à leurs "fans"avant tout (ce qui est un peu normal) mais quand cela durait , je me coltinais le rechargement du camion presque tout seul et ensuite ,comme j'étais rarement accompagné, je déchargeais seul , dans la nuit , vanné et triste devant si peu de reconnaissance.Il est vrai que parfois j'aurais préféré car, être aidé sans bonne volonté, c'est pire que de ne pas l'être .

Je suis maniaque et j'aime que chaque chose soit à sa place. plus on dispose de matériel , plus il faut être ordonné...

Genevieve a eu sa part de déconvenues tout au long de ces 25 années d'autant qu'elle les maternait , s'occupait de leurs vêtements , de leurs chaussures , de leurs coiffures , de leurs maquillages etc...

Par ailleurs , elle devait veiller à leur confort , à la nourriture , aux boissons et j'en passe !

Non , ce n'est pas cet exercice qui génère de la considération...

Bon , il n'y a pas eu que des déconvenues , soyons clairs ! Sans quoi on aurait abandonné plus tôt , bien sûr !

Je crois que nous avions développé une sorte d'addiction à cette habitude de monter des spectacles...il serait vain de s'en cacher...

Je me souviens de l'excitation que nous procuraient ,le choîx d'une pièce à mettre en chantier , puis la répartition des rôles sur fond de négociations , puis les premières répétitions etc...

J'adorais cette quête permanente des accessoires et des costumes pour la pièce en cours , mes questionnements à propos des décors ,des lumières ,de la bande son .Je devais me mettre en quête de lieux d'expression ,(car il ne suffit pas de monter une oeuvre ,encore faut-il des "écrins" pour la jouer )...quel bonheur lorsque je décrochais ces points de chute et que cela convenait à tout le monde...

Mine de rien cela remplissait notre vie...certains en font métier , je ne les envie pas car, de combien d'incertitudes sont semées ces aventures!

Résoudre chaque problème dans le respect des coûts avait un côté excitant .Ce "hobbie" oblige à une certaine organisation cela va de soi !

Il ne s'agit pas d'arriver sur le lieu du spectacle ,à des dizaines de kilomètres de camion, (voire plus) de sa base ,pour constater qu'on a oublié un élèment de décor,un costume ou ne serait-ce qu'une trousse de maquillage !

J'ai adoré ces mises en place de spectacle ,toujours dans des lieux nouveaux...les rencontres avec les accueillants , les organisateurs ,les échanges épistolaires ou téléphoniques avec les auteurs...

Le spectacle vivant est une valeur que je ne renierai jamais et j'ai un respect indéfectible pour tous ceux qui y participent...

Je souhaite bonne route à tous les candidats qui se lancent dans l'aventure du théâtre amateur...attendez vous à rire et quelquefois à  pleurer!

 

DANIEL GERBOUD

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